Bien
souvent les trailers, lors des premiers km restent concentrés au
sein du peloton. Je double, tu me doubles je te redouble le regard
est attentif pour ne pas tomber, puis au fil des heures la fatigue
se fait sentir, la foulée devient rasante et les yeux restent rivés
au sol afin d’éviter la racine ou la pierre qui
l’emporterait dans une chute inévitable. Une fois passé la
ligne d’arrivée content d’avoir réussi son challenge,
on s’aperçoit que le trailer est passé à coté de beaucoup de
choses ou de paysages qu’il n’a pas vu. Peu importe la
magie du trail a une nouvelle fois opéré.
Alors fort de cette réflexion, lorsque
des organisateurs appellent leur manifestation "La Promenade du
Bûcheron" j’en profite pour les prendre au mot en partant
pour une véritable Promenade ! Certes cette balade fait tout
de même 70 km avec 3000 d+ mais du plaisir j’en veux et au
final j’en aurai tout au long de cette superbe
journée.
Flash back, vendredi après midi je
débarque au cœur du Bugey à Hauteville plus précisément, une
commune entourée de forêts à pratiquement 850 mètres
d’altitude. Je récupère mon dossard, un petit coup
d’œil sur la carte du parcours qui nous attend demain
puis direction le camping "Les 12 cols" à 200 mètres de la salle.
L’accueil y est très agréable, tout est quasiment neuf (les
emplacements et les sanitaires sont impeccables). Je jette ma tente
2’’ et je file en ville me commander une pizza et
du tiramisu (un vrai repas de sportif !) que je mangerai un
peu plus tard sous ma tente tel un gamin dans sa
cabane.
Difficile de trouver le sommeil avec
l’excitation, la peur de ne pas se réveiller et la
température ambiante de 4 degrés.
3h30 du matin c’est parti pour une
longue journée. Je me mets en tenue, une petite check-list de mon
sac à dos, et Go !
4h15 nous sommes dans le bus en
direction de la ligne de départ dans la petite commune de
Charvornay. Puis petit briefing clair et rapide et enfin 5, 4, 3,
2,1, partez.
Il est 5h 30 la nuit étoilée se fait de
plus en plus claire. Après 500m nous nous retrouvons tout de suite
dans les bois sur le chemin de l’ascension du Grand Colombier
avec plus de 1000m de dénivelé d’un seul coup. J’aime
autant vous dire que ça réveil de grand matin ! La montée est
mon point faible alors je souffle et j’essaie de maintenir la
cadence pour éviter de me retrouver avec le coureur
balai.
Nous sortons enfin des bois, le sommet
est proche, à cette altitude le vent est très fort et freine notre
progression, il me brule les bronches. Encore un km sur les roches
puis j’atteins le sommet à1531 mètres (le plus haut du massif
du Bugey). Premier ravito et premier pointage (il ne reste à peine
qu’une dizaine de concurrents derrière
moi !)
"7h30 col du Grand
Colombier"
Petite parenthèse, cette course est
composée de trois formules : un 42km et 42km en duo (avec
plusieurs centaines de concurrents) et enfin l’ultra où nous
ne sommes qu’une quarantaine. D’où le fait que je me
retrouve vite dans les derniers au bout de quelques heures
seulement.
J’ai les cuisses qui brulent mais
le panorama à 360° sur toute la chaine des Alpes avec ce lever de
soleil me fait oublier la douleur. C’est réellement
magnifique.
La plus grosse difficulté de la journée
est passée, je suis dans la barrière horaire, je prends mon temps à
admirer le paysage sur ces crêtes plutôt roulantes puis je foule
des champs de jonquilles avant de regagner un secteur un peu plus
boisé dans les sapinières. Au bout d’une vingtaine de km je
me sens bien, nous retrouvons des chemins plus larges avec des
traversées de champs à vaches.
Arrivée au Plans d’Hotonnes
28ème km il est déjà plus de dix heures. C’est le
quatrième ravito très bien fourni d’ailleurs (nous avons même
l’impression d’être les premiers) avec encore une fois
des bénévoles supers sympathiques. Je fais le plein puis je repars
en compagnie de Jean Luc (un coureur de la région). Sans se
concerter, notre état d’esprit et notre état de forme de la
journée déclenchent une sorte de complicité qui finalement nous
emmènera jusque sous l’arche d’arrivée, soit plus de 40
bornes à se motiver mutuellement.
Les heures avancent (plus vite que
nous !). Nous traversons le plateau de Retord et ses superbes
étendues sauvages (sans âme qui vive) puis le parcours
devient une succession de cotes sèches (ou la corde sur le coté est
parfois indispensable) de descentes techniques où courir est pour
moi impossible au vu de mes douleurs aux cuisses et des parties
roulantes boueuses par endroit où il faut se remotiver à
courir.
Car aujourd’hui le but est bien
sur de prendre un maximum de plaisir mais en prenant garde aux
barrières horaires.
Depuis quelques km nous sommes avant
dernier, seul une concurrente nous talonne de
près.
62ème km elle arrive lorsque
nous repartons du dernier ravito de La Praille où l’ultime
grosse cote nous attend sur la piste de ski. (Waouh ! quelle
est raide !). Après encore quelques coups de cul dans les bois
sur un single longeant la crête, c’est la descente
finale.
Sur les deux derniers km Magali (la
dernière) nous rejoint pour un passage de la ligne sous une haie
d’honneur des bénévoles.
Quelle belle journée et quel
pied !
Finalement je n’ai pas vu le
bûcheron mais sa promenade a été très agréable
!
Bravo à l’organisation sans
faille, au dévouement des nombreux bénévoles, à leur patience
durant toutes les heures de cette longue journée. Bravo aux
traceurs de ce superbe parcours et Bravo à tous les
Finishers.
Malgré le rapport distance /
dénivelé : 1 seul point UTMB pour cause de ravitos trop
nombreux (dommage, mais d’un autre coté c’est tellement
bon ce petit fromage et ce jambon !)
Si toutefois vous décidez de participer
à cette course dans le futur, sachez que vous avez fait un
excellent choix et que vous avez peu de chance d’être déçu.
Attention tout de même, ne partez pas la fleur au fusil !
Cette course est un vrai Ultra digne de ce nom, exigent mais qui
vous laissera de très beaux souvenirs.
Il est toujours difficile
d’exprimer ses émotions, de faire partager son ressenti sur
une course et tous les récits ne remplaceront jamais le fait de la
vivre…
Réalisez vos rêves. Aller au bout de soi
déclenche des sensations magiques.
Que ce Bûcheron promène sa hache encore
de belles années…
"Merci à Christian
et à Martine (derrière l’appareil) pour m’avoir
attendu toutes ces heures"
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