samedi 26 avril 2014

Les 24 heures de St. Fons 2014


En ce week-end de Pâques je me retrouve pour la quatrième année consécutive sur la boucle des 24h de St. Fons. Une douleur persistante à l’adducteur de la jambe droite me fait s’envoler tous mes espoirs de record personnel. Le but pour moi reste dans le cadre de mon entraînement d’engranger des kilomètres pour simuler en quelque sorte une sortie longue.


 "Avant le départ avec Ledav"


"Biscotte qui finira 3ème Bravo et Gilles (premier 24h / 172kms)"

Alors comment aborder pour la énième fois un récit sur un 24 heures, car le scénario de l’histoire est toujours le même ! Vous prenez une bande de runners un peu fêlés ! Vous les jetez sur un circuit d’un peu moins d’un km (882 mètres en l’occurrence) puis vous les faites tourner en rond pendant une journée et une nuit comme des hamsters dans une cage.
Et là ! Vous observez ce que l’être humain est capable de faire en prenant possession de son mental.
Au fil des heures, les doutes, les joies, les interrogations, les douleurs vont commencer à s’installer, mais la plupart de ces forçats de la circadie ne laisseront pas transparaître leur mal intérieur, vous aurez même sûrement un sourire en retour de votre regard.
Reprenons du début. Samedi 10h le départ est donné, le temps est relativement agréable pour courir malgré le vent du nord. Chacun prend ses repères sur ce circuit rendu difficile suite à la réfection en cours du stade de la cressonnière. Une bonne partie est en gros gravier concassé avec de jolis cailloux, quand la fatigue se fera sentir il faudra bien penser à lever les pieds sur ce tronçon.
Néanmoins même si ce parcours n’est pas très beau, il possède plusieurs longueurs où l’on se croise et ces parties sont donc propices à l’encouragement des autres concurrents. Je pense justement que sur une course aussi éprouvante qu’est un 24h le mot concurrent n’est pas forcément approprié car la plupart des participants se battent en priorité contre eux-mêmes.
4 heures de course, je passe le cap des 40 kms fidèle à mon plan. Ca fait toujours sérieux de parler de plan ou de tactique, surtout pour un gars comme moi qui court aux sensations ! Même si je n’ai pas de stratégie, j’ai la volonté de passer les 100 kms en 12 heures.
La journée s’écoule encore assez vite, je n’ai curieusement pas de grosses douleurs. Durant ces heures je pense à tout et à rien, bizarre comme l’organisme s’habitue à la monotonie, seul le passage de la petite famille et des amis me sortent quelques instants de cette longue et douce léthargie.
Les dernières lueurs du jour s’estompent, ce qui entraîne une baisse de la température. J’ai froid ! Je rentre alors plus tôt que prévu dans la salle pour me changer. Une petite soupe (et au lit) ! Et non, ça ne marche pas comme ça aujourd’hui. Je me remets à trottiner, les pieds sont au top et je n’ai même pas pensé à changer de chaussettes, juste à vider les gravillons au fond de ma paire de chaussures, des nouvelles Mizuno qui remplissent leur rôle à merveille.
12 heures de course, tel un métronome je franchis la barre des 100 bornes, néanmoins la température a vraiment chuté, seulement quelques degrés ce qui a sur moi un effet dévastateur. Le froid me fait consommer beaucoup d’énergie ce qui m’affaiblit et plus je suis faible, plus j’ai froid. J’essaie de m’alimenter pour compenser ce manque mais plus rien ne passe, la nausée fait son apparition. Le processus vers une destruction lente de mes capacités est enclenché.
2 heures du matin, 120 km au compteur, avant de tomber sur ce circuit tel un vulgaire bâtonnet glacé, je prends la décision de rentrer au chaud. Je tremble, je suis frigorifié, même les fonctions de mon cerveau sont gelées car si il fonctionnait normalement il m’aurait dit : "Et mec ! T’es taré, vas te coucher et arrêtes tes conneries tout de suite !" Mais rien à faire après plusieurs tentatives à chasser mon envie de vomir et plusieurs dizaines de minutes j’arrive enfin à ressortir sur la boucle.
Avec ce contretemps j’ai sûrement perdu une bonne quinzaine de km et rétrogradé de dix places au classement général.
De nouveau les tours s’enchainent doucement, je fais une fixation sur le froid et je guette des heures durant l’arrivée des premières lueurs du jour qui sont pour moi synonyme de hausse des températures. Je ne mange plus du tout, je m’octrois juste une petite gorgée d’eau sucrée tous les deux tours.
Le soleil se lève enfin, une nouvelle journée commence une sorte de réveil général s’opère sur la piste, la musique se fait plus forte les viennoiseries arrivent, les participants sortent doucement de leurs  bulles. Les organismes sont éprouvés, beaucoup boitent mais chacun sait au fond de lui-même que la fin est proche. Il faut tenir, ne rien lâcher, surtout pas maintenant, pour n’avoir aucun regret et pourquoi pas pour certains faire exploser leur record.

 "Après plus de 20 heures"

 Après tout ce temps à courir, les heures curieusement deviennent des minutes, le chrono s’affole et la foulée de tous ceux qui le sont encore capables s’accélère. Un manège enchanté auquel je participe moi aussi, où rajouter des bornes devient le seul but.
Dimanche 10h. Comme par un coup de baguette magique (alors que l’on sait très bien que c’est un coup de pistolet. Nous n’avons pas perdu toutes nos facultés !!!) Tout s’arrête net et l’heure est au bilan. Pour moi ce sera loin de mon record mais j’ai tout de même réussi à cumuler :

164 kms et des poussières. 
Que du bonheur !


 "La bande de la 180 avec Claude (4ème et 1er V3) juste après la fin"

Participer à un 24h reste une expérience originale, agréable ou pas d’ailleurs, mais l’on n’en ressort différent même si ce n’est pas visible (à part les traits tirés !). La quête de soi durant ces longues heures nous forge le mental et nous rend plus fort.
Merci sincèrement à tous pour cette parenthèse de vie, pour ces sourires ces petits mots, ces encouragements. Merci à toute l’équipe du COSF pour cet engagement sans failles. Quel courage eux aussi…
Juste après une telle épreuve, j’ai pour coutume de dire : plus jamais ça ! Mais les jours passent et finalement pourquoi je ne viendrai pas voir briller une nouvelle fois le soleil à St Fons au printemps prochain ? 


"Merci aux différents photographes pour ces souvenirs"
"Ci dessous la vidéo d'Arthur sur parcours à la fin de ce 24h"


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